L’Amitié
Ma vie est une longue suite de pérégrinations géographiques qui ont commencé dans ma petite enfance et se sont poursuivies jusqu’à ce jour. Ce qui avait débuté du fait de la profession de mon père s’est transformé en goût extrême pour le voyage et, encore aujourd’hui, la possibilité d’un nouveau départ m’enthousiasme.
Un tel mode de vie oblige, hélas, à s’éloigner de la famille et des amis, c’est-à-dire des êtres qui nous sont les plus chers.
Pendant longtemps et grâce au développement de la connectivité, j’ai pu rester en contact avec les uns et les autres par l’écriture. Relater les petits faits et bonheurs quotidiens me permettait de me les approprier davantage tout en les partageant. Mais aujourd’hui, rares sont ceux qui, moi incluse, écrivent de manière assidue. Quelle en est la raison ?
Un de mes enfants m’a proposé une réponse. Actuellement, m’a-t-il dit, soit on passe sa journée à communiquer, et souvent à se mettre en scène, soit on vit, il faut choisir !
J’en ai conclu que mes amis avaient sans doute, eux aussi, des vies bien remplies.
Mais, l’amitié n’allait-elle pas s’estomper du fait de ce manque de communication ?
L’expérience m’a pourtant montré que les années pouvaient passer sans qu’elle ne change. Le plaisir de se revoir se renouvelait inlassablement. Ni l’absence, ni la carence de mots ne pouvaient l’altérer.
Ce qui, à l’origine, nous avait attiré l’un vers l’autre était toujours présent à la rencontre suivante et la conversation reprenait là où elle avait été suspendue.
Et si quelque chose pouvait différencier les amitiés authentiques de celles qui ne le sont pas, c’est bien cela !
L’amitié a cette liberté que l’on ne retrouve pas dans l’amour charnel : elle ne dépend pas de la présence de l’autre pour perdurer.
Ce qu’énonce Jean Marc de l’amitié et de l’amour; relèveraient d’un temps révolu, s’ils n’eussent pas été relégués au rang de l’altérité absolue et radicale, comme peut-être le moi. Ce qu’il énonce me paraît ajusté aux temps que nous vivons: des temps sans doute trop « encombrés d’âmes »… qui nous rendraient gourmands des extrêmes, de traditions perdues comme une grappe de raisin à maturité.
Je plaide en faveur du mode subjonctif: il y règne si peu de certitudes. Place y est laissée aux divers, ainsi que le suggérait un Ségalen.
Je rêve de ce temps révolu, même des Antilles Caraïbéennes !
Une amitié est durable si les amis se développent ensemble et s’ajustent au développement de l’autre.
L’amitié dure parce que l’on ne cherche pas à se ressembler, nous évoluons avec nos différences.
Si notre relation traverse ainsi les années, c’est aussi parce qu’elle nous fait toujours rêver. « Il y a ici une capacité réciproque à maintenir des processus d’idéalisation : aussi bien une idéalisation de l’ami que de la relation », et surtout, elle s’inscrit dans le présent.
Si notre lien dure, c’est qu’il comporte une part d’abandon, de lâcher-prise que nous avons toutes deux accepté. Je peux dire et être sans que cela se retourne contre moi, sans user de circonvolutions sociales.
René Char adressa à Albert Camus : « Votre existence me rassure et m’éclaire. »
True friendship is unaware of the concept of boundary. I believe each of us holds a few chosen people within our very being. The passage of time is noted but in no way alters the value of true friendship. I could meet you in the street tomorrow Consuelo, stop in a cafe and sit for an hour or two, to catch up… then we would leave that place in time with a blanket of warmth, a quiet joy even, the kind that comes from deep within. And when either of us is no more, the same concept exists and continues within the heart of the other, tender yet bittersweet….
C’est ma foi vrai, les réponses se font rares… et quand elles arrivent, rares sont celles qui font l’effort d’un peu d’originalité. Tout est dit en deux lignes ou en trois mots que l’on retrouve sous n’importe quel clavier. L’adresse mail ou le numéro de l’expéditeur est encore la partie la plus personnelle du texte envoyé.
Où est l’amitié dans tout cela ? Sans doute dans l’idée que chacun se fait de soi-même : plus on tient de place dans sa propre vie, moins il en reste pour l’autre, pour l’ami(e).
L’amitié, comme l’amour du reste a fait longtemps passer l’autre avant soi. Ces temps sont révolus. Et si les mots restent les mêmes, ils expriment des choses différentes. L’amitié s’est faite convivialité je crois. Le plaisir de se côtoyer, de vivre ensemble est toujours présent mais les efforts pour y parvenir s’amenuisent un peu plus chaque jour me semble t-il.
Quant aux amitiés qui s’estompent par manque de rencontres, elles font penser aux feux de paille qui s’éteignent dès qu’ils ne sont plus alimentés.
Peut-être qu’il faut savoir qu’on ne communique pas seulement avec des mots … A chaque fois que je pense à toi par exemple , tu existes là où tu es et là où je suis , par le simple pouvoir de ma pensée… Je te dirai ainsi qu’il y a bien des fois où l’on communique , en silence … Quand un petit air frais me caresse les hanches ( je sais que tu aimes cette sensation ) , quand un rêve de Vietnam resurgit , quand une goutte d’eau perle joliment ….quand des mouettes pondent des oeufs sur des balcons … Et même quand des gens enfument une pièce… Et j’en passe …. C’est pour te dire qu’il faut juste savoir , que nous sommes les uns et les autres enfouis quelque part dans nos coeurs et pensées pour déja communiquer … C’est pour cela qu’en général il est préférable de laisser de belles traces dans les vies de nos amis….comme tu le fais!!!