L’auto photographie
Depuis que le selfie est apparu, la photographie de soi-même est pratiquée avec frénésie.
Ce dispositif a très rapidement trouvé sa place dans la vie quotidienne, chacun ressentant le besoin irrésistible de se prendre en photo à tout instant et de partager ces images sur les réseaux sociaux, comme si nous éprouvions la nécessité urgente de rassurer les autres quant à la réalité de nos existences.
En vérité, ce n’est pas seulement les autres que l’on cherche à rassurer.
Établir l’inventaire des faits et des gestes des jours ordinaires est une tentative désespérée de faire exister cette réalité pour soi-même.
Le catalogue d’images qui grossit jour après jour lui donne un certain corps, et engendre par là-même un sentiment de plénitude…
Mais c’est un leurre.
D’où la frénésie.
Si j’ai bien compris, pas de clic pour éviter les claques !
Ca tombe bien, j’ai toujours laissé mes yeux flotter et mon index au repos. Ainsi le monde ne m’est jamais apparu encadré… ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas l’encadrer. J’aime le monde noir et blanc ou couleur avec un « s » les jours de fête… même si je ne le comprends pas toujours. Mais faut-il obligatoirement comprendre pour aimer ?
Amitiés incompréhensibles,
jean-marc
Hi Consuelo,
Décidément, tu as du talent.
C’est dans un pays bien lointain, celui d’un temps immémorial, d’un jadis où se concentrent les émotions que ton image me transporte. Magie de l’artiste que cette invitation au voyage, chapeau !
Selfie, à présent…
Même si très souvent, je maîtrise difficilement mon agacement au milieu de selfisters (je dépose un brevet de propriété intellectuelle pour le néologisme), pour un tas de raisons que j’aurai un immense plaisir à discuter avec toi, je dois reconnaître également que j’en apprécie souvent l’humour un peu décalé et l’irrévérence qu’ils mettent en œuvre. En 2 mots, il y a selfies et selfies et je finirai par une phrase de Denis Roche en forme de clin d’œil « On photographie ce qu’on a regardé, donc on se photographie soi-même ».
Merci pour les émotions, le partage des pensées,
A bientôt,
Nicderennes
Ton image est sublime.
La réflexion dénote ta grande lucidité. Je l’aime car elle rejoint ma conscience (surtout s’agissant du narcissisme exhibé sur Facebook et que je trouve pathétique. Le cumul d’images, leur rapide obsolescence -surtout quand il s’agit de soi-, ne semblent pas préoccuper la plupart, avides de cette frénésie qui momentanément les rassure. Question de temps court (ce sentiment immédiat de plenitude, mais en réalité vain) et de temps long (la lucidité sur l’impossibilité à retenir dans la durée, ce que les Orientaux ont depuis longtemps nommé : « l’impermanence », « le monde flottant » qui chez eux, n’exclut justement pas que l’on en saisisse les « images ». L’oeuvre,donc, continue !