L’image, conscience et catharsis ?
Ma première exposition eut lieu à Istanbul et eut pour sujet les cargos du Bosphore.
Je fus très étonnée d’entendre certains Stambouliotes m’exprimer leur gratitude, disant que je leur apprenais à voir quelque chose qui avait toujours été sous leurs yeux, mais qu’ils avaient été incapables de voir comme je l’avais vu, mes images en témoignaient.
Cela m’a donné du grain à moudre.
Aujourd’hui, je sais que lorsque je découvre une œuvre photographique qui m’atteint, elle m’enrichit d’une conscience supplémentaire, elle m’ouvre à une nouvelle perception.
L’art de l’image aurait donc cette fonction importante… si toutefois on doit lui trouver une fonction…
Elle aurait cette capacité qu’a aussi le théâtre, quant au réveil à une réalité. Mais, quid de la catharsis que celui-ci procure ?
Pas de catharsis avec l’image.
Lorsqu’on entend Sebastião Salgado dire que son âme est tombée malade à force de photographier la misère du monde, on ne peut avoir des doutes.