Regard sous influence
Je voyage avec l’espoir de rencontrer le monde dans sa réalité. Pour le voir avec mes yeux, le goûter avec mes papilles, le sentir avec mon nez.
Avant le départ, j’ai trop lu, entendu et vu des images, et mon esprit part souvent gros d’idées préconçues, qui s’avèrent généralement fausses. Je pensais naïvement qu’elles ne tardaient pas à être remplacées. Je le pensais avant de constater un étrange phénomène.
En dépit du fait que j’arrive avec des a priori « conscients », et alors même que la réalité semble vite effacer les fausses idées, j’ai pu constater lors des plusieurs voyages, que j’ai tendance à saisir plutôt des images qui vont dans leur sens ! C’est à dire que je me mets en premier lieu à photographier tout ce qui abonde dans le sens des images préconçues. Comme si je plaçais toute mon énergie à découvrir in situ ces images. Par exemple, je vais me sentir attiré par la forme d’anciens monuments, par l’habillement traditionnel… qui sont les images les plus médiatisées car les plus exotiques, celles qui veulent nous faire « rêver », comme on le martèle dans les médias. À cause d’elles il me faut un certain temps et beaucoup d’énergie pour atterrir dans le nouveau lieu.
Nous vivons et évoluons sous influence. Même notre regard est soumis à ce subtil formatage auquel il semble difficile, voire impossible, d’y échapper. Il faut le savoir.
Voyager est une tentative de désintoxication. Je me déplace en état d’alerte.
Es importante el funcionamos de las sociedad, masas que se mueven de manera limitada y concebida como vida. A veces la única forma de viajar es encontrar formas de lenguaje para entendernos entre sí, como el lenguaje escrito, la fotografía y el cine. Lamentablemente todos estos lenguajes están atravesados por formas que responden a intereses que degradan al ser y sus ideas y veneran la materia, lo tangible y lo consumible, tanto así que, de hecho, nos movemos tras ella.
Valoro un montón lo que se puede hacer cuando una habita un lugar alerta, porque las ideas se mueven y se transforman y con ellas nos hacemos cada vez mas grandes. Es decir; menos vulnerables ante la materia.